TBC: mais si, l’union – ou en tout cas la coordination – fait la force…

Politiques régionales asymétriques, méthodes de dépistage non harmonisées, procédures et financements différents… Le Conseil supérieur de la santé (CSS) réclame ouvertement une meilleure coordination des initiatives en matière de tuberculose dans notre pays. La Belgique, dit-il, est loin du recul d’incidence de 12% par an espéré pour éradiquer la maladie en 2050.

Avec une incidence de 8,6/100. 000 habitants (chiffres 2014), le risque de développer une tuberculose est relativement faible en Belgique, admet le CSS. Mais il est «trois fois plus important pour les habitants des grandes villes et au moins dix fois plus important dans les principaux groupes à risque (sans domicile fixe, détenus, demandeurs d’asile)». Le Conseil supérieur de la santé rappelle les projections de l’OMS: pour prétendre à l’élimination de la tuberculose sur notre sol en 2050, il faudrait une diminution annuelle moyenne de 12%. Entre 2000 et 2012, elle n’a été, rapporte-t-il, que de 3,3% chaque année.

Le CSS regrette qu’un protocole d’accord relatif à la tuberculose, approuvé par les sept ministres responsables de la santé en juillet 2013, n’ait pas été suivi de grands effets concrets. La Belgique n’a pas de plan national – bien qu’elle se soit «engagée à plusieurs reprises en signant des documents internationaux de consensus».

Le CSS prend, pour illustrer le manque de gestion centralisée et de coordination des politiques dont il accuse le pays, l’accompagnement des patients durant leur traitement. Selon la région, dit-il, cet accompagnement peut relever du domaine de la prévention (et donc dépendre de ladite région) mais aussi être envisagé comme un aspect thérapeutique qui relève du domaine du curatif (du ressort, dès lors, du fédéral). La dissymétrie des politiques régionales sévit aussi dans les groupes à risque importants que sont les détenus et les demandeurs d'asile, souligne encore le Conseil.

Inter-niveaux et inter-secteurs

Pour remédier à la non-harmonisation des méthodes de dépistage, des procédures et des financements, le CSS plaide pour la création d’une plate-forme où seraient représentés les différents niveaux de pouvoir en charge de la Santé. «(Elle) pourrait être pilotée par la Commission Interministérielle Santé sur base des protocoles d’accord politiques.»

Mais cette plate-forme ne peut travailler dans son coin: le CSS convie les décideurs de la Santé à dépasser ce seul champ, pour considérer la tuberculose comme une «maladie sociale» et travailler en intersectorialité, avec la Justice, l’Asile et la Migration, la Lutte contre la pauvreté). C’est à l’amélioration des conditions de vie, de logement et de travail et la réduction des inégalités sociales qu’il faut en effet œuvrer, en parallèle.

Le Conseil estime encore qu’il faut «définir, en collaboration avec les acteurs de terrain, une stratégie ambitieuse pour organiser la lutte contre la tuberculose de manière plus efficiente (en particulier un Plan National)». Il se dit dans les starting-blocks pour «traiter les aspects scientifiques nécessaires». Enfin, il appelle de ses vœux une meilleure collecte des données sur la TBC et son dépistage, pour pouvoir évaluer les stratégies mises en place.

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