Infections pulmonaires à mycobactéries atypiques (NTM-PD): des présentations cliniques atypiques*

Plusieurs présentations cliniques ont été décrites dans le cadre des infections à mycobactéries atypiques, les plus fréquentes étant pulmonaires (NTM-PD: NTM pulmonary disease) (1), généralement chez des patients avec une prédisposition pulmonaire (1) ou génétique (2). Ces infections peuvent se manifester également:

  • au niveau lymphatique, typiquement chez l’enfant avec atteinte des ganglions cervicaux (3) ou encore, chez l’adulte, en cas d’infection par le VIH (1),
  • au niveau cutané ou des tissus mous, le plus souvent après contact avec de l’eau ou des poissons infectés, ou suite à un traumatisme ou sur une cicatrice chirurgicale) (3), ou, plus rarement, sous forme d’une infection nosocomiale (4),
  • ou de manière disséminée, le plus souvent dans le cadre d’une immunosuppression profonde, par exemple lors d’une infection par le VIH (3, 4).

Quelles manifestations pulmonaires?
Les symptômes classiques des NTM-PD sont peu spécifiques: toux, fatigue, fièvre, sudations nocturnes, perte de poids, dyspnée, hémoptysie, détérioration de la maladie pulmonaire sous-jacente…

Quant aux manifestations radiologiques, elles sont également variées: aspect d’arbre en boutons, bronchectasies, cavités, nodules, aspect de consolidation… Cependant, les deux formes les plus fréquentes, souvent liées au M. avium complex (MAC) chez nous, sont:

  • la forme nodulaire/bronchectatique du syndrome de Lady Windermere (1) que l’on rencontre surtout chez les femmes minces, postménopausées, avec souvent un prolapsus de la valve mitrale ou une scoliose et sans maladie pulmonaire préexistante (5). Cette affection se caractérise par une toux prolongée, de la fatigue et une perte de poids. La radiologie montre surtout des lésions au niveau du lobe médian et de la lingula (1).
  • et la forme fibrocavitaire que l’on retrouve surtout chez les hommes d’âge moyen avec maladie respiratoire sous-jacente (BPCO, fibrose, silicose) (1). Elle se manifeste chez eux comme une tuberculose, mais plus lentement, tandis que les lésions fibrocavitaires se retrouvent surtout au niveau des lobes supérieurs (4).

Parmi les facteurs de risque de ces NTM-PD, le Pr Van Braeckel relève l’association entre une maladie multisystémique et une prédisposition génétique (STAT1, mutation CFTR, RSPH1…) (5), des facteurs iatrogènes (BPCO traitée par corticostéroïdes, traitement par DMARDs, anti-TNF, corticostéroïdes, transplantations, hémopathies malignes), et des facteurs pulmonaires (pneumoconiose, protéinose alvéolaire, silicose, BPCO, bronchectasies, mucoviscidose, tuberculose) (6). Pour la forme fibrocavitaire, on retiendra aussi le tabagisme, l’alcoolisme (1) et les maladies pulmonaires sous-jacentes (4).

L’ATS/IDSA a établi des critères diagnostiques pour les NTM-PD. Ils sont cliniques, radiologiques et microbiologiques au départ de prélèvements séparés ou obtenus par lavage bronchoalvéolaire ou biopsie (Tableau 1) (7).

Tableau 1: Critères cliniques et biologiques des NTM-PD selon l’ATS/IDSA (7).

https://insmed.com/

    1. Griffith D, et al. Am J Respir Crit Care Med. 2007 Feb 15;175(4):367-416.
    2. McShane P, et al. Chest. 2015 Dec;148(6):1517-1527.
    3. Tortoli E. Clin Microbiol Infect. 2009 Oct;15(10):906-10.
    4. Johnson M, et al. J Thorac Dis. 2014 Mar;6(3):210-20.
    5. Szymanski E, et al. Am J Respir Crit Care Med. 2015 Sep 1;192(5):618-28.
    6. Aliberti S, et al. Multidiscip Respir Med. 2018 Aug 9;13(Suppl 1):33.
    7. Daley C, et al. Clin Infect Dis. 2020 Aug 14;71(4):905-913.

     

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.