Cardiologie : le télémonitoring à la portée de (presque) tous

A l’occasion de la présentation de la semaine du rythme cardiaque (du 13 au 20 juin), organisée par le BeHRA (Belgian Heart Rythm Association), le Pr Koen Kas* (UGent) a expliqué les nouvelles technologies dorénavant disponibles en matière de télémonitoring cardiaque

C’est devenu une banalité de dire que la crise sanitaire de la COVID a favorisé le recours aux techniques de la télémédecine. C’est une réalité dans beaucoup de domaines et en particulier en cardiologie. Dans son exposé sur les développements récents, le Pr Koen Kas est même allé jusqu’à parler d’« hôpital corona ». Il s’agit bien sûr d’un hôpital sans patient, toutes les données concernant ce dernier étant captées à domicile grâce à des appareillages adéquats et transmises vers l’hôpital. Là, les spécialistes décryptent ces résultats, notamment avec l’aide de l’intelligence artificielle, et prennent les dispositions qui s’imposent (prescription, intervention, régime…). Les difficultés ou interdictions de déplacement imposées pendant les deux années écoulées ont créé dans l’opinion belge une tendance favorable à ces nouveaux moyens, bien qu’une proportion importante de nos concitoyens (62%) pensent que les consultations à distance doivent rester une exception plutôt qu’une généralité.

Sous toutes les coutures

La COVID a suscité le recours à des appareillages de surveillance à distance de multiples paramètres, d’analyse de la voix  (neurolex.ai), potentiellement déformée par la maladie, d’échographie pulmonaire (https://www.butterflynetwork.com/cardiology-ultrasound )… En cardiologie, parmi les outils d’ores et déjà disponibles, on peut citer les sticks permettant de détecter rapidement une fibrillation auriculaire (https://www.mydiagnostick.com ). Il s’agit d’une sorte de bâtonnet électronique que le patient saisit à deux mains, une par chaque extrémité, et qui peut donner une réponse en une minute. Le BeHRA avait déjà présenté cet appareil il y a quelques années. Il faut aussi rappeler l’existence, depuis quelques années déjà, de montres capables suivre le rythme cardiaque . Il y a également des tensiomètres sans manchon (https://www.bio-beat.com/ambulatory-services ) qui permettent l’enregistrement de la pression sanguine, avec transmission vers le spécialiste. Aujourd’hui on va plus loin encore. Il existe des mini-échographes qui peuvent fonctionner de concert avec les téléphones portables (android tout au moins) pour la transmission des données et avec des ordinateurs pour leur stockage. Guidé par le médecin qui donne ses conseils à distance, le patient peut lui-même pratiquer son échographie. Il existe même des capteurs sans contact qui peuvent suivre à distance (dans une pièce de la maison) le rythme respiratoire, le rythme cardiaque, le sommeil et détecter les chutes (https://circadia.health).

Le nerf de la santé

Mais toutes ces nouvelles techniques ne peuvent avoir d’utilité que si des procédures d’analyse rapide des données par des spécialistes compétents peuvent être mises en place. Les techniques de transmission sécurisée existent et l’intelligence artificielle apporte une aide croissante. Il ne faut toutefois pas croire, comme ont tendance à le penser souvent les autorités , que le travail des médecins s’en trouve allégé. Il faut savoir qu’avec de tels systèmes, la quantité de dossiers à traiter va augmenter considérablement. Et cela va sans compter avec les attentes du patient, qui va s’habituer à recevoir des résultats très rapidement. Il faudra donc plus d’hommes, de plus en plus compétents et une nomenclature de remboursement adéquate. Comme quoi, si l’argent est le nerf de la guerre, il est aussi celui de la santé.  

Le Pr Koen Kas enseigne l’oncologie moléculaire et la santé digitale à l’Université de Gand. Il est également CEO la société Healthskouts, dirigée vers les solutions du futur en matière de santé.

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